Recensioni / Explorateurs, touristes et autres sauvages

n voyage cette semaine au fil de malentendus de l’histoire, des malentendus nés de la rencontre, voire la collision entre Occidentaux dits « civilisés » et « Sauvages » prétendus. Tout cela sur fond de conquête espagnole, de « découverte » des Amériques, de colonisation, de récits d’exploration, de terrain ethnographique ou de tourisme. Car qu’est-ce que la rencontre ? Qui est le sauvage ? Et qu’est-ce que l’Autre avec un grand A ?
A ces questions fondamentales, l’auteur italien Jean Talon y répond un peu, mais en faisant un pas de côté, en déplaçant le regard. En effet, dans son ouvrage Explorateurs, touristes et autres sauvages, Jean Talon est allé puiser dans la littérature de voyage et les récits d’explorateurs ou d’ethnographes du XVIème siècle à nos jours, ce qui est rarement raconté : le cocasse, l’imposture, l’arnaque et le caractère dérisoire de ces rencontres, entre ceux qui voyagent et « visitent » et ceux qui sont « visités », parfois pour la première fois.
e faisant, Jean Talon met en lumière les trajectoires oubliées de pionniers de l’ethnographie comme René Caillé, l’impénitent voyageur du XIXème siècle vers Tombouctou ou Franck Hamilton Cushing, l’Indien blanc qui a vécu pendant 5 ans parmi les Pueblos. Il interroge aussi le regard occidental posé sur l’autre, le « Sauvage », cette figure mythique à la fois repoussoir et fascinante qui a façonné l’imaginaire occidental, européen et nous invite à changer de regard et renverser le miroir, car bien sûr, le sauvage n’est souvent pas celui que l’on croit !
Jean Talon est écrivain italien, directeur de collection aux éditions Quodlibet et traducteur de Georges Perec et Henri Michaux. Explorateurs, touristes et autres sauvages est son premier livre publié en français aux éditions Plein Jour.