Recensioni / Bande dessinée et littérature : intersections, fascinations, divergences

La quatrième de couverture décrit bien ce texte, par ailleurs similaire à un essai, qui tente à la fois d’être concis et exhaustif : « Les rapports entre bande dessinée et littérature relèvent d’un jeu mobile de conceptions marquées par les conditions sociologiques, culturelles et matérielles propres à chaque époque, ainsi qu’aux différents marchés nationaux au sein desquels cette confrontation se répète avec des variations significatives ». En moins de cent pages découpées en huit chapitres, Frigerio a pour but d’examiner les rapports entre la littérature et la bande dessinée à travers des exemples principalement tirés des traditions américaines, franco-belges, et italiennes. La tradition asiatique n’est pas évoquée dans le texte, mais on apprécie particulièrement les références à des œuvres italiennes, souvent peu présentes dans les ouvrages sur la bande dessinée écrits en français. Ce texte traverse aussi différentes périodes de la bande dessinée, pour en retracer en quelque sorte l’évolution, et en parallèle l’évolution de ses liens avec la littérature, qu’ils soient thématiques ou stylistiques. Frigerio commence son étude avec la toute première définition de la bande dessinée formulée par le Suisse Toepffer, et finit avec plusieurs chercheurs occidentaux mis en dialogue sur la question, tels que Ann Miller, Benoît Glaude, ou encore Pierre Fresnault-Deruelle. Loin de se contredire, chaque contribution semble présenter une facette différente de cette question moins simple qu’il n’y paraît. La présente étude dépasse toutefois la théorie au fil des chapitres. Le chapitre 5, par exemple, est une analyse entièrement consacrée à Hugo Pratt. D’après Frigerio, les aventures de Corto Maltese, qui fourmillent de références littéraires, ont aidé la bande dessinée à se faire reconnaître par les critiques et, par un double mouvement, ont participé aux rapprochements des deux genres. Frigerio n’oublie pas d’aborder les classiques franco-belges, ainsi que la nouvelle bande dessinée. De nombreuses notes en bas de page rendent la lecture plutôt académique. La conclusion reste non tranchée : bande dessinée et littérature ne sont ni tout à fait les mêmes, ni tout à fait différentes, mais c’est ce qui fait la richesse de la bande dessinée. Cet essai est un ouvrage qui présente à la fois une vue d’ensemble intéressante sur la bande dessinée pour ceux qui en connaîtraient peu sur le sujet, et des détails précis pour ceux qui aimeraient approfondir leurs connaissances dans ce domaine.