Cette étude propose une réflexion sur l’oeuvre Un peu de bleu dans le paysage (2001) ; en employant comme point de départ les analyses critiques de l’ouvrage de M.T. Jacquet, Fiction Bergounioux, elle analyse le traitement de l’espace et des lieux, significatif dans toute l’oeuvre de Bergounioux, mais constituant la structure capitale d’Un peu de bleu dans le paysage. L’espace bergounien, on le sait, est bien réel et minutieusement représenté ; il constitue même l’objet d’une écriture authentiquement géographique, raffinée et méticuleuse, selon les principes de la géographie de la perception, de la géographie de l’espace vécu, de la géographie humaniste ; il s’agit d’une écriture capable de rendre compte d’une manière saisissante des lieux et des paysages du Limousin, que l’auteur connaît et aime profondément. En effet, il les investit d’approches et de perspectives personnelles, marquées d’intenses valeurs affectives, qui offrent – grâce aux magies de l’écriture – des transformations, des métamorphoses inattendues, au point de construire deux géographies, interdépendantes et opposées en même temps : à côté d’une géographie référentielle, une géographie fabuleuse se dessine, qui – en se mélangeant à la première – crée une vision inédite des paysages et des lieux, jusqu’à les rendre capables d’ouvrir sur « l’autre côté ».